En distinguant les Next Leaders, le jury des Awards fait une hypothèse : la performance remarquable de certains témoigne de leur potentiel futur. C’est une bonne base.
Détecter, révéler et développer le potentiel des acteurs est essentiel. Le potentiel, c’est d’abord une volonté, une motivation intrinsèque de progresser, de se dépasser, d’aller plus loin. On peut appeler cela une ambition. Elle se mesure notamment à l’énergie déployée. Certains voient haut et visent en altitude. Mais attention… Est-ce pour eux-mêmes ou pour l’entreprise et l’intérêt général ? C’est toujours un peu les deux. Reste que l’individu dont l’ego déborde fera toujours pencher la balance dans le mauvais sens. Il y a un équilibre subtil à trouver chez le futur leader entre l’estime de soi et l’humilité. L’estime de soi se construit en capitalisant sur ses succès pour servir de socle à la confiance en soi. Elle doit toutefois être contrebalancée par une humilité permettant d’accepter la remise en cause. A défaut, cela conduit à un enfermement dans un carcan d’orgueil qui va à l’encontre des capacités à progresser. Le potentiel est donc une base – énergie, capacités émotionnelles et intellectuelles, ouverture, sens de l’intérêt général – combinée à l’envie de développer des compétences, à renouveler en permanence. Certaines sont indispensables au dirigeant : il s’agit des capacités d’expertise et de stratégie, mais aussi de compréhension des individus, de jeu relationnel et de développement d’un « impact » sur les autres. Pour autant, ces aptitudes ne suffisent pas. Le potentiel de l’acteur dépend aussi de sa capacité à se construire un équilibre de vie. La qualité de la vie personnelle et de la vie sociale sont des éléments essentiels. S’y ajoute l’hygiène de vie mais aussi tout ce qui permet de préserver les capacités d’attention et de concentration comme la méditation. Le leader de demain est comme le sportif de haut niveau. Tous les paramètres qui jouent sur sa performance doivent être l’objet d’attention et mis en cohérence.
Et après ?
La bonne nouvelle est que le potentiel n’est pas un état définitivement fixé. D’ailleurs, on se trompe régulièrement. Parce que les événements de vie qui touchent les individus et leur façon d’y réagir peuvent l’amplifier ou le réduire. C’est donc une vigilance et une question permanente – quelle énergie pour quelle ambition ? – que chacun doit se poser et que les dirigeants doivent garder en tête. Il faut qu’ils soient prêts à ne pas rester prisonniers de l’opinion qui les a conduits à mettre les uns et les autres dans des cases. Le potentiel est un ensemble de ressources que l’individu a en lui. Il reste à l’encourager à en faire bon usage.
Article paru le 04/12/2017
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