SANTÉ – Alors que le gouvernement mène une réflexion pour maîtriser la hausse des arrêts de travail, la Fédération des intervenants en risques psychosociaux lance l’alerte. Plutôt que réfléchir en terme de coûts économiques, elle appelle notamment à une meilleure prévention et à un vrai accompagnement lors du retour à l’emploi après des arrêts longs.
C’est un sujet « explosif », disent les interlocuteurs réunis autour de la table le jeudi 14 février à Paris. Ce sujet, c’est celui des arrêts maladie, en forte hausse, et surtout, de tout ce que cela cache derrière : souffrance au travail, carrière professionnelle brisée mais aussi coûts économiques… Le gouvernement a entamé une réflexion en juin dernier sur la manière de maîtriser cette augmentation. Mais la FIRPS veut alerter. « Le gouvernement a une approche économique : cela coûte cher, comment diminuer ? Faut-il mettre plus de contrôle ? Notre approche est plutôt : comment faire pour enrayer cela ? », explique-t-elle.
Son état des lieux du monde du travail est, il est vrai, dramatique. « L’absentéisme de longue durée prend notamment une ampleur considérable », constate François Cochet, président de la FIRPS. « La situation au travail devient insupportable et les gens s’en retirent. On voit des burn-out, des cas d’épuisement professionnel voire des tentatives de suicide. »
En résultent des personnes qui sortent cassées du système, et au parcours professionnel brisé. « C’est un vrai sujet de société », estime Jean-Louis Ringuede, de l’IAPR (Institut d’accompagnement psychologique et de ressources). « Trop de parcours sont interrompus brutalement et doivent être accompagnés. » Car la FIRPS constate —et c’est là-dessus qu’elle veut mettre l’accent— que les personnes, une fois arrêtées, ont beaucoup de mal à reprendre. « Plus l’arrêt de travail est long, plus le retour à l’emploi est difficile », relève Christian Mainguy, du cabinet d’accompagnement Réhalto. « La plupart du temps, les salariés anticipent d’ailleurs que les difficultés qui les ont mis dehors seront encore là et ils ne reviennent même pas », abonde François Cochet.
Dans d’autres cas, les collaborateurs reviennent, mais là aussi, c’est difficile. D’abord, parce qu’ils ne reviennent pas à 100 % de leurs capacités et que les aménagements de travail sont mal pensés. « Les gens se disent : « quand je vais revenir, quelle va être ma place ? Comment vais-je être accueilli ? » Cela génère de l’anxiété, du stress », remarque Xavier Alas Laquitas, du cabinet Eleas. « S’ils ont été remplacés, ils peuvent avoir du mal à reprendre leur place ; et s’ils ne l’ont pas été, ils se demandent à quoi ils servent… Il y a un vrai sujet de la reconnaissance ». S’ajoutent aussi les collègues, qui, bien que présents, sont surtout gênés. « Il y a un vrai tabou. Les collaborateurs ne savent pas comment se comporter. Et côté managérial, c’est aussi très compliqué à aborder car il y a une responsabilité collective, de l’entreprise, du responsable hiérarchique… »
Article de Sibylle Laurent paru sur le site LCI.fr le 15/02/2019
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