04 11 2020

29/10/2020 – « Les entreprises préparent le retour en force du « télétravail généralisé » » par François Cochet – Secafi

Les entreprises préparent le retour en force du  » télétravail généralisé »

Entre fatalisme et lassitude, les entreprises se préparent à repasser au « télétravail généralisé » prescrit par Emmanuel Macron dans son allocution télévisée mercredi, avec une différence de taille: cette fois, les écoles continueront d’accueillir les enfants.

« C’est un point majeur« , observe François Cochet, du cabinet Secafi qui conseille les
représentants du personnel. « Pour ceux contraints de télétravailler 5 jours sur 5 avec les
enfants dans les pattes, le confinement de mars à mai a été une sorte de cauchemar qu’ils ne veulent pas revivre
« .

Autre différence: les entreprises ont désormais une expérience concrète du télétravail
généralisé. Chez Suez à La Défense, des ordinateurs portables et des écrans supplémentaires ont été distribués en mars dernier lors du premier confinement.

Les salariés ont appris à se servir d’outils comme Zoom ou Teams, pour garder le contact
avec les équipes.

Reste la lassitude, après 55 jours d’un premier confinement. Laurent Lévy, directeur général
d’une entreprise de 200 salariés, Freelance.com, qui met en relation des indépendants et de
grandes entreprises, raconte que « ça fait des semaines qu’on se bat pour faire comprendre
aux équipes qu’on doit se limiter à 2 jours par semaine de télétravail. Et là, on va devoir
rebasculer tout le monde en ‘full télétravail’
« .

« Le présentiel est très important pour garder une dynamique« , estime-t-il. « Ça va mettre un
coup de frein aux activités qu’on essayait de relancer en interne
« .

« Le télétravail a mis à jour la fracture sociale entre ceux qui avaient de bonnes conditions
à leur domicile et ceux qui vivent à l’étroit
 » observe Isabelle Calvez, DRH chez Suez.

L’entreprise va inciter ses salariés du siège à repasser en télétravail 5j/5 mais avec « plus
de souplesse et de tolérance. On va laisser la tour de La Défense ouverte, et on prévoit
d’accueillir 10 à 15% des salariés
« , dit-elle, à comparer avec une présence de 50 à 60% des
salariés en septembre, détaille-t-elle.

Suez est en train de finaliser un accord autorisant jusqu’à deux jours de télétravail par
semaine. « Deux jours, ça nous paraît le bon équilibre pour maintenir le lien entre les
équipes
« , dit-elle.

Près de 700 accords d’entreprises sur le télétravail ont été signés entre le 1er janvier et le 10
septembre.

« Le télétravail 5 jours sur 5 est une anomalie. Au delà de 2 à 3 jours par semaine, on risque
la coupure d’avec l’entreprise
« , met en garde François Cochet.

Mohammed Meddah, employé d’Areva qui travaille à La Défense mais vit en Bourgogne,
voit plutôt d’un bon oeil le télétravail mais reste prudent: « La première fois, on l’a bien
vécu parce qu’on a pas été malheureux au niveau de la météo, là avec l’hiver ça risque
d’être un peu plus compliqué avec les jours qui se terminent plus tôt
« . Jeudi, il a regagné la
Bourgogne avec son PC « au cas où« .

Pour François Cochet, le principal attrait du télétravail « c’est les transports. La personne
qui habite à 1h30 de son travail y gagne beaucoup, et aura tendance à gommer les
inconvénients, si bien qu’il y aura une dissimulation des risques: isolement, perte de
compétence
« , observe-t-il.

« Il faudra être d’autant plus attentif si le télétravail devait se prolonger dans la durée. On
risque une dérive lente: le salarié se verra proposer des tâches faciles, il n’aura plus accès
aux tâches les plus complexes, il risque une déqualification et le jour venu c’est son poste
qui sera supprimé le premier.
 »

Il prône « un accord interprofessionnel qui fixe une méthode et analyse les risques » (une
négociation est programmée le 3 novembre entre patronat et syndicats sur le sujet), et « dans chaque entreprise, des accords et des observatoires du télétravail pour parer aux dérives lentes« .

Il craint la multiplication des « risques psycho-sociaux« , voire « des suicides » si le
confinement devait durer. « Le problème c’est qu’on compte les morts du Covid tous les
jours, mais pour les suicides, les statistiques tombent trois ans plus tard.
 »

Source : AFP – 29/10/2020

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