Les chômeurs sont davantage en proie aux accoutumances que les actifs occupés. Alcool, cannabis… Les dépendances varient selon les métiers. Panorama des types de drogues consommées par CSP.
Travailler préserve davantage des addictions aux substances psychoactives. Près d’un demandeur d’emploi sur deux fume des cigarettes, contre moins d’un travailleur sur trois. Et même du cannabis pour 16% des chômeurs, contre 9% des actifs occupés, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Près de 12 % ont une consommation d’alcool à risques parmi ceux qui pointent à Pôle emploi, contre 7 % des actifs occupés. Plus de 3 % sont cocaïnomanes pour les premiers, contre 0,8 % pour les seconds ; 1,9 % des chômeurs consomment de l’ecstasy ou des amphétamines, contre 0,5 % des travailleurs.
L’alcool dans le BTP
Il n’empêche que certains secteurs sont davantage à risques, notamment ceux qui fonctionnent en équipe, marqués parfois par une culture de l’apéritif, comme dans le BTP, ou ceux pour lesquels les déplacements professionnels éloignés du domicile sont fréquents.
D’ailleurs, les artisans et les ouvriers sont les plus dépendants à l’alcool pour, respectivement, 17 % et 13 % d’entre eux, contre 9 % s’agissant des employés et des cadres.
Même si l’organisation du travail, quel que soit le domaine, et surtout le rythme et le stress qu’elle engendre, joue aussi beaucoup, selon les experts qui interviennent les 13 et 14 novembre à l’occasion du colloque Travail, santé et usages de psychotropes d’Additra.
Les employés pas épargnés
Quoi qu’il en soit, les employés sont les plus addict au cannabis avec près de 17 % d’entre eux concernés, 13 % des ouvriers, près de 12 % des artisans, et près de 11 % des cadres. « Il faut déconstruire les représentations que l’on a de certains milieux professionnels. Tous les métiers sont touchés, même les médecins », précise Alexis Peschard, addictologue et directeur associé de GAE Conseil.
La délicate addiction aux médicaments
Les médicaments psychotropes comme les antidépresseurs ou les somnifères, quant à eux, se consomment peu chez les artisans: seuls 2,8 % sont concernés, contre entre 12 et 14,5 % pour les autres catégories socioprofessionnelles. Il est d’autant plus difficile de prévenir cette addiction dans l’environnement du travail que ses effets sont moins connus.
Par ailleurs, « les managers craignent d’entrer dans la sphère intime du salarié, voire d’empiéter sur le secret médical », témoigne l’addictologue. Alors un réflexe à avoir: recommander subtilement de consulter le médecin du travail.
Article paru sur le site BFMTV.com,
le 08/11/2017 par Rozenn Le Saint