Présidentielle 2017 : la santé au travail n’est pas un luxe !
Les questions de santé au travail, délaissées par les politiques, pourraient pourtant « déverrouiller » certains problèmes au cœur des débats comme la compétitivité des entreprises ou la maîtrise des dépenses sociales. C’est en tout cas ce qu’affirme la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (FIRPS), dans un manifeste que nous publions en avant-première.
« Ceux qui souhaitent que l’on travaille plus, comme ceux qui anticipent une baisse du volume d’emploi, délaissent la question essentielle : comment travailler mieux ? » A l’approche de l’élection présidentielle, la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (FIRPS) souhaite placer la question des conditions de travail au cœur des débats. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces questions n’ont pas été très présentes dans les discussions lors des élections primaires, que ce soit à droite ou à gauche. La Fédération a donc réalisé un manifeste – que nous diffusons en avant-première – qui rassemble ses propositions tout en mettant en lumière les enjeux stratégiques des conditions de travail, notamment dans un contexte de transformation des emplois lié au numérique.
La crise de l’emploi, liée à celle des conditions de travail
Le FIRPS le reconnaît, la question du chômage est une préoccupation majeure des français à l’approche des élections présidentielles. Mais pas question de considérer, en comparaison, la question des conditions de travail comme un luxe. « Nous pensons au contraire que c’est parce que le travail est trop souvent malade que le chômage prospère. Pour identifier ce lien entre un travail devenu parfois repoussoir et la difficulté à développer l’emploi, il n’y a qu’à observer les nombreux cas où des « plans de départs volontaires » font face à trop de candidats« . Les deux problématiques seraient dès lors liées, et soigner le travail serait synonyme de progression vers l’emploi.
La prévention, un enjeu financier important pour les entreprises
Absentéisme lié au burn-out, chômage des seniors (en raison des postes inadaptés au vieillissement), multiplication des pathologies professionnelles (en particulier les troubles musculo-squelettiques) : autant de facteurs qui pèsent sur les entreprises, notamment car ils entraînent une hausse des cotisations sociales. Et le FIRPS le rappelle : la moitié des personnes qui liquident leur retraite ne sont plus au travail mais au chômage ou en invalidité.
La solution est alors évidente : « Une politique cohérente de prévention permettrait de réduire ces coûts en améliorant les conditions de travail et le bien-être des travailleurs« . La Fédération, qui souligne le mauvais classement de la France dans le domaine de la prévention, affirme que « des évolutions très favorables » pourraient être observées rapidement si la prévention devenait une priorité pour le gouvernement. Avec à la clé, un gage de compétitivité pour les entreprises, délestées d’une partie des coûts liés à la mauvaise santé au travail des salariés.
Faire confiance aux salariés pour améliorer la compétitivité
Autre levier pour la compétitivité aux yeux de la FIRPS : repenser les relations de travail en les basant sur la confiance. En effet, la Fédération met en relation le manque de compétitivité des entreprises avec « des organisations du travail trop souvent basées sur la défiance ». Elle vise notamment les ressources trop importantes consacrées au contrôle et au reporting, ainsi que la juxtaposition des consignes données individuellement, « qui négligent les effets de la coordination et de la coopération« .
La FIRPS considère que cette conception du travail est à l’origine d’un autre mal du travail : le désengagement. En conséquence, « organiser le travail sur la base d’une confiance retrouvée peuvent donner des leviers significatifs pour améliorer l’efficacité des entreprises et donc la compétitivité de notre économie« .
Laurie Mahé Desportes